
Parler de reconversion professionnelle, c’est souvent évoquer des défis, des doutes, mais aussi des opportunités insoupçonnées. Aujourd’hui, je souhaite partager avec vous un parcours que je connais bien : le mien. Pas pour me mettre en avant, mais parce que mon histoire, celle d’un bac de philosophie devenu, au fil des années et des rencontres, directeur d’agence, entrepreneur, puis formateur, montre qu’il est possible de se réinventer, étape après étape, sans diplôme prestigieux ni plan tout tracé.
Si je l’écris, c’est pour dire à celles et ceux qui hésitent : votre expérience compte, et chaque compétence acquise peut ouvrir une nouvelle porte.
Je ne suis ni un expert ni un modèle à suivre. Juste quelqu’un qui a appris en faisant, en se trompant parfois, mais en avançant toujours. Voici comment j’ai transformé mes emplois successifs en tremplins, et ce que j’en ai retenu.
1. Un point de départ modeste, mais une envie tenace
À la sortie du lycée, mon bagage était léger : un bac de philosophie, un bon niveau d’anglais, et surtout, une envie farouche de me faire une place. Pas de grandes écoles, pas de réseau influent, mais une conviction : on peut apprendre partout, à condition d’être attentif et persévérant.
Ce que j’en retire aujourd’hui :
Un diplôme n’est pas une fin en soi. Ce qui compte, c’est ce qu’on en fait et ce qu’on construit ensuite.
Mon conseil : Ne vous comparez pas aux autres. Partez de ce que vous savez déjà (même si cela vous semble peu), et bâtissez dessus.
2. Ma méthode : chaque emploi, une nouvelle leçon
Je n’ai jamais eu de « plan de carrière ». En revanche, j’ai toujours veillé à tirer le meilleur de chaque expérience, quitte à changer de voie quand j’estimais avoir fait le tour. Voici comment cela s’est passé, concrètement :
De l’interprétariat à la découverte du BTP : s’ouvrir à de nouveaux horizons
Premier emploi : Interprète sur des navires de commerce.
Ce que j’y ai appris :
À communiquer avec des équipes internationales (anglais, espagnol, italien).
Les bases de la logistique et des opérations portuaires.
Le plus important : Le contact humain et l’adaptabilité. On ne sort pas indemne de mois passés à bord de navires, entourés de cultures et de métiers différents !
Entre deux missions : J’ai aidé un membre de ma famille qui gérait une entreprise de construction.
Ce que cette expérience m’a apporté :
Une première immersion dans le BTP : organisation de chantiers, gestion des approvisionnements, coordination des équipes.
Une compréhension concrète des enjeux de la construction, des délais, et de la relation avec les sous-traitants.
Leçon : Même une aide ponctuelle peut être formatrice. J’ai réalisé que chaque secteur a ses logiques, et que les compétences acquises dans un domaine peuvent souvent se transférer ailleurs.
Ce que je me disais à l’époque :
« Je ne sais pas encore où cela me mènera, mais chaque jour m’apprend quelque chose. »
Des agences maritimes à la direction : passer de l’exécution à l’organisation
Deuxième et troisième emplois : Agent maritime, puis directeur d’agence.
Découvertes :
Comment organiser des escales, gérer des équipes, dialoguer avec des clients et des fournisseurs.
La certification ISO, qui m’a appris à structurer des processus ; une compétence utile partout.
Prise de conscience : Même sans formation initiale en gestion, on peut apprendre sur le tas… à condition d’écouter, d’observer et de ne pas hésiter à demander.
Créer son entreprise : le baptême du feu
Quatrième étape : Lancement de ma propre agence maritime en Algérie.
Réalités :
Des succès (devenir le premier opérateur en quelques mois), mais aussi des échecs (la fermeture forcée après la privatisation du secteur).
Leçon : L’entrepreneuriat, c’est à la fois exaltant et humble. On y apprend autant sur soi que sur son métier.
Un aveu :
« J’ai fait des erreurs, bien sûr. Mais chacune m’a rendu plus prudent et plus créatif pour la suite. »
Se réinventer après un échec : l’industrie, les achats, la logistique
Cinquième étape : Pivot vers l’industrie, puis des missions chez TECHNIP, TOTAL et d’autres groupes prestigieux.
Comment j’ai rebondi :
En identifiant mes compétences transférables : gestion de projets, négociation, maîtrise des langues, connaissance des normes… et aussi cette expérience dans le BTP, qui m’a ouvert des portes dans le domaine de la construction et des achats de matériaux.
En acceptant de repartir « d’en bas » dans un nouveau secteur, avec l’humilité de l’apprenti.
Transmettre : une nouvelle façon d’avancer
Aujourd’hui : Formateur AFEST et maître d’œuvre.
Pourquoi cette voie ?
Parce qu’après des années à accumuler des savoir-faire, j’ai eu envie de les partager et de les formaliser.
Bonus inattendu : Enseigner m’a obligée à clarifier mes méthodes, ce qui a aussi amélioré mon propre travail.
3. Ce que ce parcours m’a appris sur la reconversion
Le savoir s’acquiert partout
Sur le terrain : C’est là que j’ai appris l’essentiel : en pratiquant, en écoutant, en essayant. Que ce soit sur un navire, un chantier ou dans un bureau, chaque environnement est une source d’apprentissage.
En formation : Plus tard, j’ai complété par des certifications (comme le titre de formateur AFEST), mais toujours en lien avec mon expérience.
Le savoir-être est aussi important que le savoir-faire
Les soft skills qui m’ont sauvé :
La curiosité (poser des questions, même « bêtes »).
La résilience (savoir encaissez les coups durs).
L’empathie (comprendre les besoins des autres pour mieux travailler ensemble).
Oser changer, même quand c’est inconfortable
Mon déclic : Quand un emploi ne m’apportait plus rien, je partais, sans savoir toujours où j’allais atterrir.
Mon conseil :
« Si vous avez l’impression de stagner, c’est peut-être le signe qu’il est temps de bouger. Pas besoin de tout quitter du jour au lendemain, mais explorez, rencontrez, formez-vous. »
4. Mes conseils pour celles et ceux qui veulent se lancer
Faites le point : Listez vos compétences (même celles qui vous semblent évidentes). Vous en avez plus que vous ne le pensez.
Trouvez un fil conducteur : Pour moi, ce fut la logistique, les langues, le relationnel… et cette touche de BTP qui m’a permis de diversifier mes opportunités.
Acceptez de ne pas tout maîtriser : Personne ne sait tout. L’important est d’être prêt à apprendre.
Parlez-en autour de vous : Les opportunités viennent souvent de discussions informelles.
Ne vous découragez pas : Une reconversion prend du temps. Il y aura des doutes, des refus… mais aussi des surprises agréables.
Un exemple concret :
« Quand j’ai postulé pour ma première mission chez TECHNIP en tant qu’ingénieur contrat, je n’avais pas le titre d’ingénieur. Mais j’avais l’expérience, la motivation, et la capacité à m’adapter y compris cette connaissance du BTP acquise « sur le tas ». Cela a fait la différence. »
5. Et si c’était à refaire ?
Je ne regrette aucune étape, même les plus difficiles. Chaque emploi, chaque rencontre, chaque échec m’a appris quelque chose. Aujourd’hui, je suis convaincu d’une chose : la reconversion n’est pas réservée aux « surdoués » ou aux jeunes diplômés. Elle est accessible à tous, à condition d’y aller avec curiosité et détermination.
Ce que je dirais à mon « moi » de 20 ans :
« Lance-toi, même si le chemin n’est pas tracé. Tu verras bien où il te mène et tu seras surpris. »
6. Pour conclure : et vous, où en êtes-vous ?
Mon parcours n’est qu’un exemple parmi d’autres. Peut-être avez-vous, vous aussi, accumulé des compétences sans vous en rendre compte ? Peut-être est-il temps de les valoriser différemment ?
Quelques pistes pour avancer :
Bilan de compétences : Pour y voir plus clair (France Travail, APEC, ou des cabinets spécialisés).
Formations courtes : Certifications, des stages pour tester un nouveau métier ou même des formations que je peux vous proposer (taap.it/MiahLQ)
Réseau : Parlez de votre projet à votre entourage. Vous serez surpris des portes qui s’ouvriront.
En résumé :
Partez de ce que vous savez.
Soyez ouvert aux détours.
Et surtout, faites-vous confiance.
Pour finir, une question :
Quelle compétence ou expérience aimeriez-vous mobiliser pour votre propre reconversion ?